La Russie est officiellement entrée en récession, avec un recul de 4 % de son PIB au troisième trimestre, après une chute de 4,1 % déjà au trimestre précédent, selon une première estimation publiée hier par l’agence officielle Rosstat. La Russie paie le prix des lourdes sanctions occidentales infligées après son attaque de l’Ukraine le 24 février. Moscou a toutefois réussi à atténuer le choc, par rapport aux prévisions qui anticipaient un effondrement de l’ordre de 30 % de son PIB au début du conflit. La Banque centrale russe s’attend finalement à une contraction de 3,5 % sur l’ensemble de l’année 2022, en ligne avec les prévisions du FMI.
L’activité devrait continuer à se dégrader pendant les six mois à venir. Selon les prévisions de Bloomberg, le PIB pourrait chuter de 8 % au premier trimestre 2023 et le recul se poursuivrait jusqu’au troisième trimestre la même année. Le FMI prévoit un nouveau recul de 2,3 % sur l’ensemble de 2023.
Selon la gouverneur de la banque centrale russe, Elvira Nabioullina, l’économie de la Russie fait preuve d’« adaptation » à la « nouvelle réalité » de la guerre avec l’Ukraine. Après avoir relevé son taux directeur à 20 % dans la foulée des premières sanctions, fin février, elle l’a ramené depuis la mi-septembre à 7,5 % et ne prévoit pas de le faire évoluer d’ici à la fin de l’année. « Nous devons regarder la situation avec sobriété et les yeux ouverts, a-t-elle commenté. Les choses peuvent empirer, nous le comprenons. »
Le commerce de gros et de détail, ainsi que le fret et l’industrie manufacturière ont tiré l’activité à la baisse, tandis que le BTP et l’agriculture ont montré des signes de bonne santé. Un soutien budgétaire à l’économie et la réorientation des exportations vers des pays « amis » ont permis de limiter les dégâts. La banque Morgan Stanley prévoit « un choc d’offre persistant et une transformation structurelle forcée vers une économie moins technologique, qui se traduira par une récession prolongée et une croissance potentielle réduite ».
Agences