Les participants au Colloque international sur « La souveraineté numérique de
l’Etat : politiques et expériences comparées », organisé lundi à Alger, ont mis en
garde contre l’impact des menaces cybernétiques sur la souveraineté des Etats,
appelant à des stratégies de défense basées sur le développement des
infrastructures et l’investissement dans la ressource humaine locale pour
contrer ce colonialisme 2.0. Lors de cette rencontre, le recteur de l’Université
d’Alger 3, Khaled Rouaski, a mis en avant « les profondes mutations qualitatives
et quantitatives opérées à l’ère du numérique », soulignant que la révolution
numérique « impacte tous les aspects de la vie », y compris la souveraineté des
Etats. « La menace numérique, qui dépasse la notion traditionnelle de
souveraineté, a donné lieu à un colonialisme 2.0″, a-t-il prévenu. « La pérennité
des Etats est aujourd’hui tributaire de leur capacité à protéger leur
souveraineté numérique contre les menaces cybernétiques », a soutenu M.
Rouaski, saluant par là même les efforts de l’Armée nationale populaire (ANP)
dans la mise en place d’une « stratégie de défense cybernétique visant à asseoir
un système de défense qui englobe de nombreux aspects techniques et
juridiques ». De son côté, le doyen de la Faculté des sciences politiques et des
relations internationales, Slimane Aaradj, a expliqué que la notion de
souveraineté numérique faisait référence à « la capacité des Etats à agir dans
l’espace cybernétique et à assurer le respect de leurs règles par les différentes
entités du monde virtuel ». Pour sa part, le conseiller du recteur de l’Université
arabe Naïf des sciences sécuritaires (NAUSS), Fahd Ben Mohamed Al-Harby, a
indiqué que la souveraineté numérique était liée à « la sensibilité des données
et informations électroniques » et à leur « impérative protection ». « Plusieurs
pays font face à de grands défis en matière de sécurisation de leurs espaces
cybernétiques au vu des mutations numériques effrénées », a-t-il dit dans une
communication en visioconférence sur « les menaces cybernétiques et la
souveraineté numérique ». Les menaces actuelles ne se limitent pas aux guerres
classiques, mais s’étendent aux technologies numériques, d’où la nécessité de
nouvelles stratégies, a-t-il fait valoir. Le professeur à l’Institut supérieur tunisien
des arts multimédias de la Manouba (ISAMM), Jawher Jammoussi, a mis en
exergue l’expérience de son pays en la matière, affirmant que l’orientation de
l’information était désormais « une nouvelle forme de colonisation qui affaiblit
la décision politique des Etats ». Le doyen de la Faculté de droit et de sciences
politiques de l’Université de Parakou (Bénin), Pr. Moktar Adamou, a, quant à
lui, affirmé dans son intervention que « les pays africains sont appelés à assurer
leur autonomie et à activer leurs propres infrastructures d’internet pour
garantir leur souveraineté numérique ».