Le président de la Fifa Gianni Infantino a affirmé se sentir «arabe», «gay», «travailleur migrant», lors de la conférence de presse inaugurale du Mondial 2022 ce samedi à Doha. «Aujourd’hui, je me sens qatari, aujourd’hui je me sens arabe, aujourd’hui je me sens africain, aujourd’hui je me sens gay, aujourd’hui je me sens handicapé, aujourd’hui je me sens travailleur migrant», a-t-il récité dans son monologue introductif.
Le patron de la Fifa a ensuite dénoncé les «leçons de morale» qui relèvent de l’«hypocrisie», à la veille de l’ouverture de la compétition au Qatar, qui fait l’objet de vives critiques. «Ce qu’il se passe en ce moment est profondément, profondément injuste», a-t-il affirmé, à l’adresse des journalistes. «Les critiques sur le Mondial sont hypocrites. Pour ce que nous, les Européens, avons fait au cours des 3000 dernières années, nous devrions nous excuser pour les 3000 prochaines années avant de donner des leçons de morale aux autres. Ces leçons de morale sont justes de l’hypocrisie», a-t-il clamé.
Il a évoqué les articles parus dans plusieurs pays, Espagne, Angleterre, France, décrivant comme de «faux supporters» les fans d’Asie du sud affichant leur soutien à des équipes prenant part au Mondial. «C’est du racisme pur. Chacun dans le monde a le droit d’encourager qui il veut.» Depuis sa désignation pour organiser l’événement en 2010, le Qatar est en butte à de vives critiques, qui se sont encore intensifiées à l’approche de l’évènement : accusations de corruption, critiques sur l’impact environnemental, droits humains, notamment ceux des personnes LGBTQ+ et des travailleurs migrants – dont ceux ayant travaillé sur les chantiers de la Coupe du monde. Le Qatar est le premier pays arabe à organiser cet événement, et les dirigeants du riche émirat gazier ne cachent plus leur colère face au flot de critiques, en dénonçant du «racisme».
Quant à la volte-face des autorités qataries qui ont subitement interdit vendredi la vente d’alcool à proximité des stades, elle a été balayée d’un revers de main par le Suisse : «Je pense personnellement qu’on peut survivre sans bière pendant trois heures. Que ce soit en France, en Espagne, en Écosse.»
Z.Z.