Sécheresses historiques, famines, déplacements de population, vagues de chaleur extrême : après un été 2022 particulièrement dévastateur, la COP27 s’est ouverte ce dimanche, dans un contexte de crise énergétique, financière et alimentaire.
“Pitoyablement pas à la hauteur”, c’est par ces mots que le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a qualifié les engagements des Etats, déplorant : “Nous nous dirigeons vers une catastrophe mondiale”, s’est-il alarmé.
De fait, à 10 jours de la COP27 qui se tiendra en Egypte, un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) souligne que les engagements internationaux conduisent actuellement la Terre vers un réchauffement de 2,6°C, soit bien au-delà de l’objectif de +2°C maximum et +1,5°C au mieux, fixé par l’Accord de Paris en 2015.
Etats-Unis, France, Union Européenne, Chine… Quelles mesures ont été prises pour lutter contre le réchauffement climatique, et concrètement, qui a respecté ses engagements ?
COP 27 : Après les promesses, le temps des actes ?
En novembre 2021, se tenait la conférence mondiale pour le climat (COP26) à Glasgow. Les résultats de cette dernière conférence mondiale sur le climat avaient laissé dubitatifs scientifiques et mouvements écologistes, et bien failli acter le divorce entre pays nord et pays du sud.
Un an plus tard, les promesses déjà jugées insuffisantes, n’ont pas pleinement été respectées, à commencer par les 100 milliards destinés à soutenir les pays du sud dans la lutte contre le réchauffement climatique, mais pas seulement.
« Les engagements à la neutralité carbone ne valent rien sans des plans, des politiques et des actions pour les soutenir. « Notre monde ne peut plus se permettre de faire du greenwashing, d’avoir des faux-semblants, des retardataires », a dénoncé le patron de l’ONU.
Très attendue, la COP27 est considérée comme la « COP africaine”. Et pour cause, à l’heure où les conséquences désastreuses du réchauffement climatique, se font chaque année plus pressantes et meurtrières dans les pays du sud (les moins responsables, mais les plus affectés), le temps des actes est venu. Ce qui n’a, cette année encore, pas toujours été le cas.
Quelles mesures à adopter ?
La première puissance mondiale a fait de réels progrès cette année, en adoptant un plan climat en août 2022 et ainsi des lois inédites pour faire face au changement climatique, à l’image de celle sur la réduction de l’inflation dont l’objectif est de réduire les émissions de gaz à effet de serre du pays à hauteur de 40 % d’ici 2030.
Si l’on ne peut que saluer les efforts impulsés par le gouvernement de Joe Biden, il faut toutefois rappeler que tous les engagements climatiques, n’ont pas été tenus.
En effet, l’aide de financement à destination des pays en développement les plus touchés par le changement climatique, n’a pas été intégralement versée. Ce qui pourrait bien lui être reproché lors de la COP27.
Notons également qu’après la visite de Nancy Pelosi à Taiwan contre la volonté de la Chine, cette dernière a mis fin à sa coopération avec les États-Unis sur le climat.
De quoi affecter durablement les négociations internationales en la matière. Aussi, pour face à la crise énergétique qui sévit actuellement, le président démocrate a libéré 15 millions de barils de pétrole des réserves sur le marché et approuvé de nouveaux baux pour le forage pétrolier et gazier.
Union européenne : Des ambitions mises à mal
L’invasion de l’Ukraine par la Russie et son impact sur l’approvisionnement énergétique de l’Europe auront eu raison des ambitions climatiques de l’Union européenne.
« Les dirigeants ont prolongé la durée de vie des centrales électriques au charbon et nous estimons que les émissions européennes ont en fait augmenté d’environ 2 % au cours des six premiers mois de cette année », expliquait le professeur Robert Falkner à la BBC, qualifiant le retour à l’investissement dans les combustibles fossiles de « recul temporaire ».
Reste à savoir si l’Union européenne va « profiter » de ce bouleversement pour investir massivement dans les énergies renouvelables et engager de profondes réflexions sur les secteurs stratégiques que sont les transports et l’agriculture. En attendant, le Climate Action Tracker juge « insuffisants » ses objectifs, politiques publiques et financements climatiques.
La Chine parie sur les énergies renouvelables
Contrairement aux pays occidentaux, la Chine ne fait pas partie des pays responsables des émissions historiques de gaz à effet de serre, mais se place aujourd’hui au rang des plus gros pollueurs, en raison de sa croissance économique rapide.
En revanche, le pays est aussi le plus important investisseur dans les énergies renouvelables. A titre d’exemple, un quart des voitures mises sur le marché sont électriques. Le président Xi Jinping a réaffirmé sa volonté de réduire de manière significative les émissions de carbone d’ici 2030, notamment en plantant 70 milliards d’arbres.
En revanche, le Brésil est prêt à reprendre son leadership dans la lutte contre la crise climatique », a déclaré le président élu Lula da Silva.
Fervent défenseur de l’agro-business et de l’exploitation minière au Brésil, la déforestation de l’Amazonie a atteint des seuils sans précédent sous le mandat du président d’extrême droite Jair Bolsonaro.
Pour la seule année 2021, la déforestation a augmenté de 48%. De nombreux indigènes et écologistes ont également été assassinés ces dernières années. L’élection de Lula da Silva est donc un signe d’espoir pour celle que l’on appelle « le poumon de la Terre ».
Synthèse : F.B.