Un véhicule piégé a déclenché un vaste incendie sur le pont de Crimée, infrastructure clé et symbole de l’annexion de la péninsule ukrainienne éponyme, a annoncé le Comité national antiterroriste russe, sans accuser dans l’immédiat l’Ukraine. Il y aurait au moins trois morts selon Moscou.
« Selon les données préliminaires, trois personnes ont été tuées à la suite de l’accident. Il s’agit probablement des passagers d’une voiture qui se trouvait près du camion quand il a explosé », a indiqué le Comité d’enquête russe dans un communiqué.
Des images circulant en ligne du pont montrent la voie ferrée en flammes sur des dizaines de mètres et un tronçon routier effondré. Ce pont, construit sur ordre de Vladimir Poutine pour relier la péninsule annexée au territoire russe, sert notamment au transport d’équipements militaires de l’armée russe combattant en Ukraine.
« Aujourd’hui à 06h 07 (03h 07 TU) sur la partie routière du pont de Crimée (…) a eu lieu l’explosion d’une voiture piégée, qui a entraîné l’incendie de sept citernes ferroviaires qui allaient vers la Crimée », a indiqué le comité, cité par les agences russes.
Le porte-parole du Kremlin a indiqué à l’agence Ria Novosti que Vladimir Poutine avait ordonné la formation d’une commission gouvernementale pour établir les faits.
Selon le Comité antiterroriste, deux voies routières sont endommagées, mais l’arche du pont n’est pas touchée. Les trafics ferroviaire et routier ont été arrêtés, et des ferries ont été mis en place pour permettre la traversée, selon les agences russes.
Le Comité d’enquête de Russie, principal organe d’investigation du pays, a promis d’identifier « toutes les personnes liées à ce crime » et ouvert une enquête criminelle. Le chef de l’assemblée de Crimée, le Parlement régional installé par la Russie, Vladimir Konstantinov, a dénoncé un coup « des vandales ukrainiens ».
Ce pont est essentiel au transport des personnes et des marchandises vers la péninsule, mais aussi aux troupes déployées en Ukraine. Inauguré en 2018, le pont enjambe le détroit de Kertch, devenant le symbole de l’annexion de 2014.
Un responsable russe dans la région ukrainienne de Kherson, voisine de la Crimée, Kirill Stremooussov a publié sur son compte Telegram une vidéo-surveillance du pont montrant une violente explosion. Selon lui, les réparations pourraient prendre « deux mois ».
La Russie a toujours affirmé que le pont ne risquait rien en dépit des combats en Ukraine, mais elle a menacé par le passé Kiev de représailles si les forces ukrainiennes devaient attaquer cette infrastructure ou d’autres en Crimée.
Le député russe Oleg Morozov, cité par l’agence Ria Novosti, a réclamé ce samedi une réplique « adéquate ». « Sinon, ce type d’attentats terroristes va se multiplier », a-t-il dit.
Plusieurs explosions ont eu lieu ces derniers mois sur des installations militaires russes dans la péninsule, résultat probablement d’opérations ukrainiennes, comme lorsque la base militaire de Djankoï a été ravagée en août par la déflagration d’un dépôt de munitions, provoquant un exode de touristes de la région.
Les autorités russes ont été toujours avares en explications concernant Djankoï et d’autres incidents similaires sur des dépôts d’armements ailleurs en Russie, mais proches de la frontière ukrainienne. À Djankoï, Moscou avait finalement admis un « sabotage », et l’armée ukrainienne avait reconnu, des semaines plus tard, sa responsabilité.
Z.Z.