La réunion Gouvernement-walis, dont les travaux ont été clôturés, hier soir à Alger, a abouti à une série de décisions phares à même de permettre de relancer la machine économique du pays.
En effet, les participants au premier atelier ont appelé à doter le corps des walis d’un Statut permettant de renforcer sa place au sein de l’arsenal juridique et réglementaire de l’Etat.
Le Wali, pilier du processus de développement local
Lors de cet atelier intitulé « le Wali, pilier du processus de développement économique local », les participants ont insisté sur l’impératif de doter le corps des walis d’un Statut « compte tenu de la complexité des missions qui lui ont été confiées, notamment à la lumière des défis liés aux objectifs stratégiques devant être relevés ».
Ils ont également mis l’accent sur « la nécessité de réorganiser les services extérieures de l’Etat placés sous la responsabilité du wali et de les adapter au service des missions économiques des autorités publiques ».
Entre autres recommandations, figure le renforcement des missions de planification au sein des prérogatives du wali afin de réaliser les objectifs de développement tracés et programmés sur les court, moyen et long termes, à travers sa dotation d’outils de gestion publique moderne reposant sur la planification stratégique, la prospection, le suivi et l’évaluation.
Les participants ont également souligné « l’impératif d’accorder un intérêt particulier au développement des ressources humaines, à travers la création de mécanismes d’incitation aux cadres relevant de l’administration générale de la wilaya, en permettant au wali de recourir aux expériences et aux compétences à travers la simplification des procédures contractuelles ».
Il a été également question d’insister sur l’impératif de consacrer le rôle du wali en matière de développement économique local dans le cadre de la révision en cours du code de la wilaya, et ce, en tenant compte de la cohésion des différentes lois et réglementations régissant l’action au niveau local avec les prérogatives confiées au walis selon une nouvelle approche économique.
Les participants ont plaidé, en outre, pour « le renforcement et l’élargissement du rôle décisionnel du wali en matière de planification et de mise en œuvre des programmes pour concrétiser la décentralisation de la prise de décisions en matière de mise en œuvre des programmes d’investissement public.
L’adoption des outils d’aménagement du territoire en tant qu’outil efficace dans le processus de prise de décision, à l’instar du Plan national d’aménagement du territoire et du Plan d’aménagement du territoire de la wilaya, en adoptant des mécanismes modernes de gestion reposant essentiellement sur le numérique et les bases de données figure parmi les recommandations du premier atelier.
Loi sur l’investissement: installation de toutes les structures
Le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane a affirmé qu’il sera procédé dans les tout prochains jours, à l’installation de toutes les structures prévues dans les textes d’application de la nouvelle loi sur l’investissement, promulgués récemment.
Présidant la clôture de la réunion Gouvernement-walis, M. Benabderrahmane a indiqué que le Gouvernement « a augmenté la cadence d’amélioration du climat des affaires, notamment à travers la promulgation en bloc de la loi sur l’investissement et de ses textes d’application ».
Cette étape concrétise, ajoute le Premier ministre, » l’engagement de l’Etat quant à la nécessité pour toutes les lois d’être suivies de leurs textes d’application, afin qu’elles ne restent pas lettre morte ».
« Nous procéderons, dans les tout prochains jours, à l’installation de toutes les structures du dispositif d’investissement prévues dans la nouvelle loi, notamment l’Agence algérienne de promotion de l’investissement, ses guichets uniques , à savoir le guichet des grands investissements et des investissements étrangers, ainsi que les guichets uniques décentralisés au niveau des wilayas », a fait savoir M. Benabderrahmane.
« C’est là une nouvelle vision fondée non seulement sur les incitations fiscales, mais englobant un accompagnement des porteurs de projets dans toutes les étapes de réalisation, comme la mise à disposition de l’offre immobilière, la simplification des procédures, ainsi que la levée de tous les obstacles bureaucratiques », a-t-il ajouté.
A cet effet, le Premier ministre a appelé les walis à se mettre au diapason de « cette mutation substantielle » dans le cadre de « l’approche globale adoptée par l’Etat dans l’orientation du foncier industriel vers le véritable investissement productif ».
M. Benabderrahmane a, en outre, relevé les mesures ayant été prises en matière de facilitation de l’entrepreneuriat, notamment en milieux de jeunes, à travers la réformes des dispositifs de créations des micro-entreprises, le micro-crédit, ainsi que la promulgation de loi du statut de l’auto-entrepreneur, dans l’objectif d’éradiquer les activités parallèles et résorber le chômage.
Balance commerciale: un excédent de plus de 17 milliards de dollars
L’excédent de la balance commerciale devrait dépasser les 17 milliards de dollars à la fin de l’année 2022, a affirmé M. Benabderrahmane.
« La balance commerciale a enregistré un excédent de 14 milliards de dollars à la fin août et nous prévoyons un excédent de plus de 17 milliards de dollars à fin 2022 », a précisé M. Benabderrahmane.
Selon le Premier ministre, la valeur des exportations hors hydrocarbures a atteint 4,4 milliards de dollars à fin août et devrait atteindre 7 milliards de dollars à la fin 2022.
Les réserves de change ont enregistré récemment « une nette augmentation, dépassant le taux prévu », a fait savoir M. Benabderrahmane qui a rappelé les rapports internationaux des différentes instances selon lesquels le taux de change de la monnaie nationale affiche une amélioration notable.
Au regard de ces indicateurs positifs, « les prémices de la relance économique commencent à apparaître », a rassuré le Premier ministre qui a affirmé que le programme de « développement ambitieux » initié par le président de la République se concrétise actuellement en dépit des circonstances difficiles qu’a traversées le pays en raison des répercussions des crises ayant affecté le monde ces deux dernières années.
Il a imputé l’amélioration de la performance de la macroéconomie à « la sagesse du président de la République dans la gestion des affaires de l’Etat à travers la redynamisation des secteurs qui font office de catalyseur de la croissance économique avec comme outils la politique de maitrise des importations ».
Le Premier ministre a affirmé que la politique du commerce extérieur adoptée actuellement visait à « réguler et rationaliser les importations et non pas les freiner, contrairement aux allégations de certaines parties malveillantes ».
Cela favorisera « la protection du produit national pour que nous assoyons un tissu agricole et industriel développé constituant la pierre angulaire d’une économie nationale solide garantissant au pays sa sécurité nationale dans son sens global », a soutenu le Premier ministre.
Qui des rôles des walis ?
Par ailleurs, M. Benabderrahmane, a mis en avant le rôle central des walis dans la promotion de l’investissement et du développement local, les appelant à suivre les projets d’investissement sur le terrain selon une approche participative, en vue de remédier aux dysfonctionnements existants.
En ce sens, M. Benabderrahmane a indiqué que « le wali a trois principaux rôles à jouer, dont le premier consiste en l’accompagnement des investisseurs et la facilitation de toutes les procédures dans le cadre de la nouvelle approche participative qui repose sur l’écoute des élus locaux, des députés et des représentants de la société civile, dans l’objectif de s’enquérir des véritables besoins en matière d’investissement pour la wilaya ».
Le second rôle du wali, ajoute le Premier ministre, consiste en » la commercialisation des potentialités que recèle sa wilaya », citant à titre d’exemple, « l’importance de promouvoir le tourisme thermal, qui peut devenir un levier parmi les leviers du financement et de la fiscalité locale » au niveau de dix wilayas au minimum.
« L’investissement ne se limite pas au secteur de l’industrie, mais englobe également les secteurs du tourisme, de l’agriculture, des industries manufacturières, de l’aquaculture et des petites mines », a-t-il expliqué.
Quant au 3e rôle, il repose, selon M. Benabderrahmane, sur » le suivi sur le terrain des projets d’investissement, selon une perspective économique, en se souciant de leur mise en œuvre dans les délais impartis et dans le cadre de la structure financière convenue, tout en veillant à créer de l’emploi et de la richesse qui génère des ressources supplémentaires pour les Collectivités locales ».
Aussi, le Premier ministre a évoqué les différentes mesures prises par le gouvernement pour soutenir l’investissement, notamment les facilitations d’obtention du foncier.
Il a affirmé l’engagement de l’Etat à récupérer le foncier industriel destiné à l’investissement et non exploité pendant six mois, à l’effet de le redistribuer aux investisseurs.
Le gouvernement a finalisé la révision de l’ordonnance 04-08 relative au foncier destiné à l’investissement par la mise en place des dernières retouches avant le lancement des agences en charge de sa gestion, a-t-il fait savoir.
Il s’agit de l’Agence du foncier industriel, de l’Agence du foncier touristique et de l’Agence du foncier agricole qui seront chargées des assiettes qui ne sont pas gérées par l’Office national des terres agricoles (ONTA) et l’Office de développement de l’agriculture en terres sahariennes (ODAS).
Annonçant l’inauguration dans les prochains jours de l’Agence algérienne pour la promotion de l’investissement et les guichets uniques y afférents, ainsi que le lancement d’une plate-forme numérique d’investissement, M. Benabderrahmane a insisté sur l’adhésion des autorités locales dans le processus adopté par l’Etat pour promouvoir l’investissement en Algérie.
Après avoir rappelé les instructions du président de la République sur l’augmentation de la production des céréales, le Premier ministre a également annoncé l’inauguration de la banque des gènes « dans les prochains jours », en prolongement de l’inauguration récemment de la Banque nationale des semences et il s’agit là, a-t-il dit, d’une avancée importante dans la réalisation de la sécurité alimentaire.
« Les walis ont l’obligation de suivre la façon par laquelle sont exploitées les terres agricoles sur le terrain et d’accompagner les plans visant l’autosuffisance et la couverture de 80 % des besoins nationaux en produits agricoles d’ici à 2023 », a tenu à souligner le Premier ministre.
Réviser le système de solidarité entre les collectivités locales
Sur un autre plan, les participants au troisième atelier ont recommandé notamment la révision du système de solidarité entre les collectivités locales, en vue de rattraper le retard accusé sur le plan du développement dans certaines régions.
Lors de cet atelier intitulé « Les réformes des finances et de la fiscalité locale pour un développement durable », les participants ont mis en avant l’impératif, dans le contexte économique actuel, de repenser le système de solidarité entre les collectivités locales, en revisitant la gestion de la Caisse de solidarité et de Garantie des Collectivités Locales (CSGCL), tout en l’adaptant à la stratégie du gouvernement liée à la priorisation du développement dans certaines régions à promouvoir.
Les recommandations du 3e atelier ont, par ailleurs, porté sur la création d’une commission locale, composée de représentants de la direction générale du domaine national (DGDN), de la direction des impôts et des services communaux, et laquelle sera chargée de suggérer des procédures pratiques permettant de régulariser les actes des biens communaux et les enregistrer au Rôle général du domaine national.
Les responsables ont proposé la modernisation de la gestion des biens à travers l’utilisation d’applications électroniques, afin de passer à une gestion digitale, outre l’élaboration d’un diagnostic régional participatif pour renforcer l’attractivité des régions et favoriser la décentralisation.
Figurent également parmi les recommandations, la mise en service de la nouvelle nomenclature des activités financières et comptables des communes, qui date de 1971, ou encore la révision et l’actualisation du guide des transactions financières et comptables du budget de la wilaya.
Farid Belgacem