L’Algérie risque-t-elle de définitivement perdre une de ses races ovines mythiques ? La course des éleveurs au rendement en optant pour des espèces connues pour leur croissance rapide menace sérieusement le mouton El Hamra, également appelé Deghma. Sa population n’existe désormais qu’au niveau de l’établissement étatique de préservation l’ITELV, et chez certains éleveurs ayant signé une convention avec lui.
« C’est une race en voie d’extinction. Durant les années 1960, 1970 et 1980, les éleveurs dans les régions de Saïda, El Bayadh et tout l’Ouest algérien faisaient dans l’élevage d’El Hamra. Avec l’arrivée de la race d’Ouled Djellal, la donne a changé. Il y a eu une sorte d’envahissement de l’habitat habituel d’El Hamra », explique Hakim Ould Oulhadj, directeur d’une ferme d’ITELV.
Pourtant, cette race endémique de Saïda et de la région des Hauts Plateaux, explique pour sa part Mustapha Koudad, ingénieur principal en agriculture, « est facile à élever, comme elle résiste à la chaleur, à la sécheresse et au vent du sable, tout en offrant la meilleure viande au monde ».
Selon une étude réalisée, en 2012 par le Centre de recherches scientifiques et technique sur les régions aride (CRSTRA), « la race El Hamra est concurrencée dans son aire de prédilection par le moutond’ Ouled Djellal (Bergui) dont on ignore l’époque d’introduction, bien que quelques déclarations plaident en faveur du début des années 60, en raison de sa meilleure rentabilité ».
« Le phénomène s’est accéléré à la fin des années 70. La part de la race d’Ouled Djellal prédomine dans le cheptel ovin national et a dépassé les 90 % actuellement (estimation) », a conclu l’étude.
Selon la même source, « le risque d’extinction de la race El Hamra constitue une préoccupation majeure tant sur le plan économique que sur le plan de la préservation des bio ressources endémiques de la steppe ouest algérienne ». «La race El Hamra a disparu au niveau de tout l’Ouest : Naâma, El Bayadh et Saïda. La régression touche également les zones frontalières algéro-marocaine, dont elle est originaire », a relevé la même étude.
Boualem Rabah