Le 7e Sommet du Forum des chefs d’Etat et de Gouvernement des pays
exportateurs de gaz (GECF), prévu à Alger du 29 février au 2 mars, sera
l’occasion de replacer le gaz naturel sur l’échiquier énergétique mondial,
a affirmé l’expert en énergie Mohamed Saïd Beghoul, assurant que
l’Algérie disposait d’une « solide » expérience dans l’industrie gazière
pouvant être exportée. S’exprimant dans un entretien à l’APS, M.
Beghoul a souligné que « le 7e Sommet des chefs d’Etat et de
Gouvernement du GECF se tiendra sur fond géopolitique et
énergétique particulier, avec les décisions de la COP28 qui a, bien que
difficilement, accordé un sursis au gaz comme carburant de la transition
énergétique », ce qui redonne, a-t-il ajouté, « au GECF l’occasion de
replacer confortablement le gaz naturel sur l’échiquier énergétique pour
les années à venir au profit d’une demande soutenue ». Parmi les autres
facteurs haussiers pouvant alimenter la demande mondiale sur le gaz,
l’expert a évoqué la tension en mer rouge qui « perturbe » le transport du
gaz naturel liquéfié (GNL) et dont les retombées pourraient, selon lui,
« générer un déficit gazier sur le marché à la faveur des prix élevés,
surtout en cette période d’hiver ». Dans ce contexte, M. Beghoul a
assuré que l’Algérie, avec sa « solide et longue » expérience dans
l’industrie gazière, et qui assure le secrétariat général du Forum et
abrite le 7e Sommet ainsi que le siège de l’Institut de recherches sur le
gaz du GECF, a un rôle « charismatique très important à jouer ». Tout en
faisant observer que l’Algérie demeurait un pays à « vocation gazière »,
l’expert a rappelé que le pays disposait, dans les années 60, d’un
« monopole » en GNL avec la construction, en 1964 à Arzew, de la
première usine de liquéfaction du gaz au monde (CAMEL- Compagnie
algérienne du méthane liquéfié, aujourd’hui GL4Z), qui avait permis à
Sonatrach d’effectuer ses premières livraisons de GNL, dès 1965, au
Royaume-Uni (avec British Methane) et à la France. « Les
nationalisations du 24 février 1971 ont permis à l’Algérie de contrôler
100% des intérêts gaziers. Sonatrach visait surtout à honorer une
vingtaine d’engagements contractuels de livraison du GNL et du gaz
naturel (vers l’Europe en particulier) pour des durées allant de 5 à 20
ans avec la pose des gazoducs vers l’Italie (Enrico Mattei) et vers
l’Espagne (Pedro Duran Farell) », a-t-il encore rappelé.
L’Algérie, un pays gazier leader sur tous les plans
En termes de réalisations, M. Beghoul, auteur d’un ouvrage consacré
au pétrole algérien, a notamment souligné l’atteinte du seuil de 60
milliards m3 d’exportations gazières avant l’année 2000, et la
construction d’un nouveau gazoduc, le Medgaz vers l’Espagne, mis en
service en 2011, ainsi que la réalisation de quatre usines de liquéfaction
(GNL) et l’acquisition de navires méthaniers. « Aujourd’hui, l’Algérie,
membre fondateur du GECF, est un pays gazier leader sur tous les
plans, à même d’exporter son expertise », a-t-il relevé. S’agissant des
perspectives de l’industrie gazière algérienne, l’expert a estimé qu’il
existait cinq principaux facteurs motivant une « véritable stratégie
gazière ». Il s’agit, a-t-il énuméré, du potentiel gazier du domaine minier,
du niveau des réserves prouvées mobilisables, des capacités de
production et de traitement du gaz naturel, des moyens de transport
pipelinier et maritime (méthaniers) mais aussi de l’existence d’un
marché. Sur ce plan, il a soutenu que l’Algérie possédait l’infrastructure
de production, de traitement et de transport dont elle a besoin, avec un
réseau pipelinier de 13.000 Km (intérieur et pour l’exportation), soit 45%
du réseau africain, quatre unités de liquéfaction, ainsi qu’une flotte de
méthaniers, sans oublier sa longue expérience dans l’industrie gazière
et l’existence d’un marché proximal européen. Pour cet expert, toute
augmentation importante de production et d’exportation passe
impérativement par la découverte de nouvelles réserves par un effort
d’exploration de gisements de taille et l’investissement dans le gaz non
conventionnel, tout en veillant au respect de l’environnement, et en
poursuivant l’augmentation du niveau des réserves actuelles.