L’Iran a annoncé l’abolition de la police des mœurs à l’origine de l’arrestation de la jeune Mahsa Amini, dont la mort en détention a provoqué une vague de contestation en Iran qui perdure depuis près de trois mois. Cette annonce, considérée comme un geste envers les manifestants, est intervenue après la décision samedi des autorités de réviser une loi de 1983 sur le port du voile obligatoire en Iran, imposé quatre ans après la révolution islamique de 1979. «La police des mœurs (…) a été abolie par ceux qui l’ont créée», a indiqué samedi soir le procureur général Mohammad Jafar Montazeri, cité par l’agence de presse Isna hier.
Après 1979, des «comités de la Révolution islamique» relevant des Gardiens de la Révolution menaient des patrouilles pour faire respecter le code vestimentaire et les «mœurs» en Iran. Mais la police des mœurs, connue sous le nom de Gasht-e Ershad (patrouilles d’orientation), a été créée sous le président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013), pour «répandre la culture de la décence et du hijab».
Formée d’hommes en uniforme vert et de femmes portant le tchador noir, cette unité avait commencé ses patrouilles en 2006 avec l’objectif de faire respecter le code vestimentaire strict en République islamique qui interdit aussi aux femmes de porter des pantalons serrés ou des shorts. Les femmes enfreignant le code risquaient d’être embarquées. Gasht-e Ershad a été créée à l’époque par le Conseil suprême de la Révolution culturelle, aujourd’hui dirigé par le président ultraconservateur Ebrahim Raïssi, élu en 2021. En juillet, Ebrahim Raïssi a même appelé à la mobilisation de «toutes les institutions pour renforcer la loi sur le voile», déclarant que «les ennemis de l’Iran et de l’islam voulaient saper les valeurs culturelles et religieuses de la société».
Samedi, le même procureur, Mohammad Jafar Montazeri, a annoncé que «le Parlement et le pouvoir judiciaire travaillaient» sur la question du port du voile obligatoire, sans préciser ce qui pourrait être modifié dans la loi. Il s’agit d’une question ultra-sensible en Iran, sur laquelle s’affrontent deux camps : celui des conservateurs qui s’arc-boutent sur la loi de 1983 et celui des progressistes qui veulent laisser aux femmes le droit de choisir de le porter ou non. Selon la loi en vigueur depuis 1983, les femmes iraniennes et étrangères, quelle que soit leur religion, doivent porter un voile et un vêtement ample en public.
Z.Z.